Me say war

Chicas DPM Experience, ce sont 3 filles qui vous font partager leur quotidien, leurs déboires sentimentaux, leurs coups de coeur, leurs coups de gueule, leurs maladresse, un peu un genre de Sex and the City...  On y croirait presque. Mais non. Chicas DPM Experience (je sais pas pourquoi ça fait quelques semaines que ça me titille cette crypto JimiHendrixisation), c'est pas ça. C'est un art de vivre. Une façon d'envisager le monde. Un way of life, putain.
Alors puisqu'il s'agit de regarder le monde avec un oeil neuf, j'ai décidé aujourd'hui de vous livrer quelques clés méthodologiques.
Aujourd'hui, ce sera "apprendre à manier le savoir dans une exercice académique (la dissertation)".

Car la culture, c'est bien beau de l'avoir (d'ailleurs, nous, on a de la culture, c'est bien normal, on est belles), encore faut il pouvoir la présenter.

Cas d'école.
Vous avez à parler, en quelques pages (pitié, 1 copie double, pas 3!!!!) de la période 1945-1947 en Europe. Les enjeux, on les connaît. Guerre et ... guerre.


L'introduction
Il est de bon ton de commencer par une phrase percutante, illustrant l'ampleur du drame que notre continent bien aimé en 1945. La métapore organique est très bien vue.
Ainsi, dire de l'Europe qu'elle connaît "un lendemain difficile", qu'elle se réveille douloureusement est efficace... Assimiler la Seconde Guerre mondiale à une mauvaise cuite est intéressant, certes. Mais il y a mieux.
"Si l'Europe, grande puissance mondiale, avait raté son suicide lors de la Première Guerre mondiale, elle l'achève lors de la Seconde".
Ou même : "La Seconde Guerre mondiale a laissé des cratères béants" (acné juvénile? le mystère reste entier)
Annoncez votre plan : "C'est un bien triste tableau que celui de l'Europe au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, mais c'est ce tableau que nous nous efforcerons de dépeindre" (et nous vous en remercions).


Le développement.
Faites des phrases générales pour expliquer vos arguments : "l'Europe est dépaysagée"
"la recontruction va se bâtir sur la sortie des régimes fasciste et naziste". Définissez les termes clés. Ainsi, il est important de rappeler que les "nazistes" étaient "xénophobiques".
Ne pas hésiter à émailler votre propos d'exemples précis, faisant intervenir dates, personnages et lieux, pour étayer votre argumentation.
- Des dates:
"Le 11 novembre 1945, l'Allemagne s'avoue vaincue, signant l'Armistice à Rethondes".
Variante : " Le 11 novembre 1945, l'armistice est signé par la toute nouvelle République de Weimar entre l'Entente et l'Alliance".
- Des personnages :
Michel Thorez ("c'est toujours mieux que John Lenine", l'humour des historiens, c'est vraiment le meilleur, y a pas à dire)
"A la conférence de Yalta sont présents Staline, W. Churchill, président des USA, Roosevelt, premier ministre britannique, et George Clemenceau pour la France".
- Des lieux :
Oradour sur Mer, aussi connue sous le nom d'Oradour sur Gland.
Aussi, lorsque que vous évoquerez "l'horreur concentrationnaire" (et c'est parce qu'elle est concentrationnaire qu'elle est horrible) et ses "milliers de morts", citez ces camps : le "camp d'Austerlitz" aka le "camp d'Auschwitz-Burkina-Faso"...
"Cette conférence est appelée conférence de Yalta, car elle a lieu à Yalta". C'est simple, mais il fallait y penser. (Localisez ces lieux également : Yalta se trouve en Roumanie et Potsdam en Pologne).

D'ailleurs, n'ayez pas peur de rappeler des évidences :
"L'URSS est, et ce n'est pas peu dire, communiste".
"Rares étaient les personnes qui ressortaient vivantes des chambres à gaz".
Votre correcteur sera, à coup sûr, épaté.

N'hésitez pas à prendre parti, à vous insuger contre les horreurs de la guerre (de plus, la guerre, c'est mal) : "Les règles de la guerre n'ont pas été respectées. Par exemple, des officiers on tiré sur des parachutistes alors qu'ils n'étaient pas arrivés au sol" (en revanche, détail important, apprenez à hiérarchiser votre propos).

Vous alternerez ces exemples précis d'un langage imagé, donnant vie à votre propos.
Plutôt qu'évoquer mollement la France, l'Angleterre et l'Italie, chargez ces trois pays de leur héritage historique, rendez leur justice! On dira donc : "la France des Droits de l'Homme, l'Angleterre de la Révolution Industrielle, l'Italie de la Comedia del Arte" (on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a, aussi...)
"Le bilan de la Seconde Guerre mondiale pèse aussi lourd qu'une enclume, jetée sur l'Europe occidentale". Un peu de poésie ne fait pas de mal.
"En 1947, l'Europe se trouve prise entre la faucille et le marteau, c'est-à-dire entre les USA et l'URSS"
Le recours à des analogies contemporaines saura ravir votre correcteur. Ainsi, parler des "camps de destruction massive" rend votre exposé plus percutant.
"En 1946, le tripartisme arrive au pouvoir en France, il regroupe la SFIO, l'UMP et le PS." Le parlementarisme poussiéreux de la IVe République nous semble bien proche.

Enfin, l'histoire étant une épreuve scientifique, il est de bon ton de conserver un esprit critique et de faire preuve de nuance.
Ainsi, si vous décrivez les horreurs de la guerre (bombardements, populations déplacées, occupées, exterminées, inflation, rationnement, misère, etc.), pensez à rappeler les aspects positifs de la période (il ne faudrait pas vous accuser de partialité). "On peut noter d'importants progrès dans les domaines météorologique, nucléaire, médical". Notez d'ailleurs que les progrès nucléaires sont plus qu'à propos pour évoquer les innovations positives de la Seconde Guerre mondiale (comme les progrès médicaux... quel dommage de n'avoir pas cité Mengele...)

Attention toutefois à quelques maladresses plus que fâcheuses. Il serait dommage de gâcher un propos de qualité plus que supérieure par une erreur d'inattention, même si cette maladresse s'avère très percutante :
"La déportation de masse est exposée au grand four" est par conséquent à proscrire.
"Par contre, ce plan (Marshall, ndlw) a définitivement coupé les relations entre les deux Glands" fera inutilement sourire votre jury.



"Enfin, nous concluerons".
La clarté est de mise, et permet de gagner la sympathie de votre correcteur.
Qui dit conclusion, dit synthèse, et il est important de mettre en évidence les enjeux de votre période : "L'Europe au lendemain de la guerre se retrouve au milieu d'un carrefour spatio-temporel d'envergure".
Notez cependant qu'une veille d'examen, il est plus recommandé de revoir vos fiches que de revoir la trilogie des Retour vers le Futur (même si c'est très bien - sauf le dernier - mais bon, quand même).

That's all, folks!

Comments

[p_apanoel]

Je ne résiste pas au plaisie de commenter cette belle compilation, présentée avec un souci de généralisation et d'exhaustivité qui fait plaisir à lire.

Mon petit top 3

"Si l'Europe, grande puissance mondiale, avait raté son suicide lors de la Première Guerre mondiale, elle l'achève lors de la Seconde" : je ne sais pas, l'ampleur, l'emphase, le fatum, ça me fait penser à du Frédéric Mitterand 1ère période, y'a du souffle là, Coco ...

"Le bilan de la Seconde Guerre mondiale pèse aussi lourd qu'une enclume, jetée sur l'Europe occidentale" pour les mêmes raisons, sans doute.

"Le 11 novembre 1945, l'Allemagne s'avoue vaincue, signant l'Armistice à Rethondes" ce qui me plait ici, c'est la volonté de synthétiser, tout en conservant les éléments importants.

[Arnaud]

oh non, les nazistes xenophobiques c est du caviar, Oradour sur mer c'est definitivement trop coquillage et crustacés...

"L'URSS est, et ce n'est pas peu dire, communiste". Les salauds, tant qu a être communistes il l'étaient en entier !

"Le bilan de la Seconde Guerre mondiale pèse aussi lourd qu'une enclume, jetée sur l'Europe occidentale" tres Beep Beep et le coyote aussi...

Tu corrigeais des copies du bac ? (dans mon imaginaire collectif à moi tout seul je te voyais prof d Anglais)

Du caviar tout de meme, c'est pas avec ça qu on va payer nos retraites...

[LilVirgo]

ben en effet, oradour sur mer, les gens se rendent peut-être pas compte, mais c'est chou. d'ailleurs, pour revenir sur tes bonus, je crois que j'ai pas assez souligné à quel point les analogies nous en disent sur l'état d'esprit du mec qui compose. genre
"oradour sur mer" = envie de vacances?
"l'europe a du mal à trouver sa place dans le monde" = besoin d'un psy?
"l'europe connaît un lendemain difficile" = petite gueule de bois, peut-être?
etc. etc.

yome : moi je me fous pas de savoir comment va john, je vais même essayer d'aller me renseigner dès cette semaine.
happy 4th of july, à nos amis ricanos, by the way.

[NIT]

Moi j'aime bien Oradour sur Mer, ça donne un style bien particulier, entre le gore et la comédie sentimentale.
Sinon Michel Thorez me plaît aussi, parce que franchement il était pas loin et que j'aurais pu la faire (à l'époque).

Bonus :
"L'Europe n'est plus qu'un tas de cendres" (normal, Hitler lui a mis le fffeuuuuu).
"L'Europe a du mal à trouver sa place dans le monde " (teenage for ever).

[Yome]

j'appretais à vous faire le pitch fou de ma soirée ciné avec Bruce, histoire de relancer le débat agonisant du post précédent, quand je m'aperçois que la fulgurante webmaitresse a fulguré à nouveau avec une prose rigolote et instructive. Du coup tout le monde se fout de savoir comment va john.

De même si j'énonce toutes mes condoléances pour le painteu, je passe pour un adepte du just in time à deux doigts de devenir un téléspectateur de tf1 et non pour vieux geek aware des nouveautés télévisuelles.

je redirige donc mes propos, pour dire que "l'Europe dépaysagée" tient une place dans mon coeur ainsi que tout le registre imagerie car visiblement n'étant voué qu'à aider à les auteurs à remplir leurs pages, me rappelle mes propres difficultés de l'époque