Crise du logement à Paris

Aujourd'hui, leçon sur la situation du logement à Paris.

D'un côté, on a ça :

Placé sur le toit du Palais de Tokyo, l'hôtel Everland est une oeuvre d'art, une vraie, de l'art contemporain pur jus. Pour bien comprendre le concept sous-jacent à cette installation post-moderne, je cite M. Palais de Tokyo himself :

""Hôtel Everland" est une œuvre dont le principe est de placer le visiteur dans la situation réelle de l'utilisation d'une chambre d'hôtel." (Waow, conceeeept).

"On peut donc réserver sa chambre dans "Hôtel Everland", on peut véritablement y dormir, on peut y prendre son petit-déjeuner au lever du jour." (Waow, comme dans un vrai hôtel, c'est fort, ils ont a-ssu-ré !!).

Palais de Tokyo fait partie des gens qui savent voir le bon côté des choses et mettre à profit la crise du logement. En effet, le prix de la nuitée dans le petit cube design est de 333 euros certains jours et de 444 euros d'autres jours (concept oblige, eeeh oui). Mais surtout, Palais de Tokyo, qui gère à mort les nouvelles technologies, a lancé des enchères sur e-bay pour faire grimper, grimper, grimper, le prix de la nuitée pour le Nouvel An 2008. Vous pouvez donc admirer la grimpitude rapide du prix de la nuitée sur le petit module e-bay que voici :

Retrouvez la profondeur du concept sur palaisdetokyo.com

A 15 minutes à pied, quartier de la Bourse, ça se bouscule aussi pas mal. Moins de gens très riches et arty, plus de CRS et plus de gens qui aimeraient bien, probablement, passer une nuit à l'hôtel Everland.

Image trouvée sur le site de laprovence.fr.

Description de la situation il y a quelques jours, par l’écrivain Dan Franck dans un article de Libération :"Rue de la Banque. Toutes les nuits depuis le 3 octobre, ils dorment sur le trottoir. A 21 heures, ils disposent les tentes, les bâches, les couvertures sur le pavé. Les CRS, campés devant la Bourse, s’approchent. Suit une lutte qui recommence plusieurs fois au cours de la nuit. Le but : s’approprier le matériel. Les flics tirent d’un côté, les familles et les amis du DAL de l’autre. Les uns gagnent parfois, les autres souvent. On leur avait apporté des tentes légères, on les avait signées pour essayer de protéger leurs occupants. Elles ont disparu. Les familles sont toujours là, trempées, transies, épuisées. Toutes les nuits depuis six semaines, elles s’endorment devant les bottes des CRS. Le matin, à 5 heures, les hommes partent travailler. Les femmes suivent, après avoir emmené les enfants à l’école. Ceux qui restent nettoient et préparent les repas. Le soir, tout le monde se retrouve. Et le rituel recommence : les bâches, les flics, les matraques, la nuit."

Parisien, si toi aussi tu veux avoir l'air chic, arty et pourtant mal logé, crée ton propre module e-bay. En quelques clics, obtiens la tente de tes rêves, et finie la crise du logement !!

Comments

[E.]

Du haut du musée du quai Branly j'avais pris ça pour un tram et je comprenais pas le tram sur le toit...

Sinon moi non plus je veux pas faire ma reloue mais je suis assez d'accord avec Clem sauf que j'irai plus loin : dans ces cas-là, comment osons-nous dépenser de l'argent pour nos loisirs, pour des fringues alors que des gens sont dehors?
Pour moi ça a pas de rapport, le prix de la "chambre" est au-dessus de mes moyens mais si j'avais pu franchement la vue doit être magnifique!
Après y'a des chambres baucoup plus chères à Paris, doit-on fermer le Ritz car malheureusement il y a des problèmes de logement en région parisienne?

[nyfah]

d'accord avec le truc passionnant clem, mais pourquoi l'artiste/concepteur met en place la donnée "fric"/"location". Si le but principal est de créer un dispositif qui interroge les questions paysage/spectateur/cadres de l'expérience etc..; (fort bien) pourquoi ne pas faire le même dispositif, au même endroit local mais pas en chambre d'hotel.

[Nitouche]

Aaaaah oui, voilà qui est intéressant, en effet ! Merci Clem. Merci aussi d'avoir pris le temps de poursuivre la conversation alors que j'ai rajouté un article par-dessus (j'ai hésité d'ailleurs, j'ai eu peur de décourager les commentaires).
L'argumentaire sur le paysage est tout à fait intéressant. Tu as lu ça où ? Je n'ai rien lu de tel sur le site de l'hôtel ni sur celui du Palais de Tokyo...
Je dis comme Jack Larsen : discussion passionante !

[Jack Larsen]

Taing, cong, en fait c'est ton texte qu'ils auraient du mettre comme note d'explication! S'aurait été wachement plus clair et moins cultureux pédant. Mais peut-être un peu long comme "cartouche", c'est pour ca qu'ils ont pris des formules creuses. Merci pour l'analyse de la chose. Discussion passionnante, vraiment.

[clem]

Bon desole ce qui suit ca peut etre un peu relou et pete couilles...

en fait ce que je voulais dire en 3 mots cest qu'a mon sens la problematique du truc c'est pas de maniere centrale le luxe. Souvent le luxe est interessant en art contemporain dans ses rapport avec la conso de masse (trip pop art) ou dans le divertissement de la mort (trip un peu baroqueux). les deux etant lies.

la pour moi les traits importants de ce truc :
1. les conditions qui font d'un paysage reel (et non represente) une oeuvre d'art.
2. plus precisement les conditions du cote du spectateur: dans quel dispositif doit se mettre le spectateur pour admirer un paysage reel comme une oeuvre d'art?
2'. ici l'artiste a davantage en tete les impressionnistes et la mise ne scene des sensations et de leur variation que le symbolisme des paysages de Poussin.
3. Un des traits esthetiques propres au paysage depuis les impressionnistes c'est la lente evolution des couleurs et de la lumiere au cours de la journee; comment faire pour que le spectateur ressente ca? bah justement mettre a disposition du spectateur un espace confortable sur une longue duree.
3'. D'ou la re-utilisation d'une forme architecturale classique: la chambre d'hotel.
3''. Mais cette chambre a une forme particuliere on dirait un telescope. la chambre est tres clairement structuree et semble pointer vers qq chose.
4. Pour moi, le renouvellement de cette forme architecturale est liee a l'autre trait essentiel du paysage: le paysage reel nous entoure, nous absorde et nous submerge. d'ou, quand on veut representer un paysage, la tentation de faire une sphere (la forme esthetique donnant le plus cette impression)cf. les nympheas de monet a 360° a l'orangerie.
4'. Mais ici c'est l'exact oppose. le paysage est tronque. on voit pas tellement sur les cotes quand on est dans la chambre. on a des oeilleres. En fait on a un cadre.
4''. on a besoin de ce cadre parce que sinon on est submerge de sensations et on ne fait attention a aucune. La necessite du cadre provient precisement du fait que le paysage est pas represente mais present.
5.Enfin, pour moi, dernier element, l'oeuvre questionne les contraintes que fait peser la contemplation esthetique sur le corps du specateur: sans toilettes, ni bouffe, ni salle de bains, il faut etre un athlete de l'ascetisme pour etre capable d'avoir les sensations que rend possible ce dispositif.
6. Bref pour moi ce dispositif te donne acces a une serie de sensations auxquelles tu n 'as pas acces autrement ou en temps normal. Un retour au fondement de ce qu'est le tourisme.
7. La grosse reference qui est derriere outre l'impressionnisme c'est James Turrell

zou c'estfait je vais manger mon burrito

clem