Tarte Pomme-Orange
Je suis désespérément compulsive... Aujourd'hui, je me suis acheté non pas un, non pas 2, mais 4 guides touristiques. Oui ma bonne dame, un sur la Sicile, 2 sur les Payx-Bas, un sur New-York. C'est utile, me diras-tu, ami lecteur (parce que je continue à croire que 1-tu existes, 2-tu me lis). Certes. Des guides de New York, j'en avais déjà 2 en magasin. Et je vois pas pourquoi je m'obstine à vouloir en acheter un le plus complet possible sur les pages historiques, vu qu'à la maison, je dispose de plus de livres sur l'histoire de ladite ville que la bibliothèque de la Sorbonne. Ceci étant dit, le choix d'un guide touristique c'est un peu un investissement de ton être. C'est aussi parfois un investissement financier soi dit en passant, parce que si on compte les 4 guides d'aujourd'hui, celui sur le Pérou, plus la carte du Pérou toute belle et plastifiée, j'en suis à environ 100€... bref, je m'égare.
Un investissement de tout ton être, du genre, à la fnac, tout à l'heure, j'ai mené une étude de marché scrupuleuse sur le guide le plus sympa, le plus fonctionnel, le plus tout, en fait. Avec moult questionnements existentiels sur les choix de marques... Ah MMMmmf, Routard, c'est quand même du solide, mais après, en suivant leurs conseils, tu te retrouves avec toute la diaspora française à l'étranger... Let's Go, Lonely Planet, c'est plus hype, non? Mmmmf, je sais déjà où je dors, moi, pas besoin de renseignements pratiques... Guide Vert, certes, mais suis-je diable censée faire du tourisme, moi qui me rends en ces contrées avec un sublime éthos d'historienne... Est-ce qu'Indiana Jones avait un guide Michelin sous le bras, bordel??? Enfin en même temps, mon papa a pas passé toute sa vie à collecter à la sueur de son front des informations sur la localisation exacte des archives de Brooklyn (finalement, selon les infos les plus récentes, elles seraient à Brooklyn, en fait), et il a pas été capturé par les Nazis entre Venise et l'Autriche. Et il a pas la gueule de Sean Connery, ce qui ne l'empêche pas d'être beau, pour autant. Comme quoi, dans le choix d'un guide, c'est tout une définition de ton être au monde, qui est en jeu. Arrf. Je me suis retrouvée avec un genre de pile de 15 bouquins dans les mains, que j'ai impitoyablement laissés en plan une fois mon choix fait, sous le regard noir du vendeur.
Après, l'achat du guide touristique, c'est le moment de fierté ultime que tu ressens quand tu passes en caisse. Autant quand tu décides d'acheter un genre K-Maro des familles, pour faire rire Gwen, ou un machin comme ça, t'essaies de garder toute ta contenance, du genre "Mais oui je suis quelqu'un de profond et d'intelligent, et oui, j'achète un CD pourri, mais pov'con, tu connais pas la richesse de ma vie sociale, je ne te permets pas de me juger". Ouais, j'arrive à faire passer tout ça dans un regard et un mouvement de menton vers la machine à CB, moi. Je suis comme ça. Autant, quand tu passes devant M. l'Hôte de caisse avec de la Sicile, des Pays-Bas, et du New York en mains, c'est un peu le sourire triomphant qui s'affiche. En même temps, note que c'est très con, ami lecteur, avec autant de guides, il pouvait aussi très bien penser que je refaisais le stock de la Médiathèque André Malraux de Saint-Placide. Comme quoi, des préjugés, ça tient à rien, n'est-ce pas.
Ensuite, quelle est l'utilité exacte d'un guide? De fait, elle est assez restreinte. Quand tu es sur place, surtout dans un sanctuaire de la hypitude comme New York ou un temple de la djeunsitude comme Amsterdam, tu veux avant tout passer inaperçue. J'apprends le Néerlandais pour pas faire la touriste trop beauf, c'est pas pour étaler mon routard en plein centre-ville de Den Haag... Bon. Du coup, tu le lis surtout en perspective du voyage. Et là, c'est fameux. En fait, c'est celui-là, le vrai voyage. Je passe sur moi en Zia devant le guide du Pérou, ou moi en Carrie Bradshaw quand j'ai hésité à acheter le guide "New York des pintades". Le vrai voyage temporel, c'était en Hollande. Le siècle d'or. Je suis une Laitière, ou mieux, la Jeune fille à la perle, ce qui est plutôt un bon troc, parce que certes, je bouffe moins bien (de toutes façons, en ce moments, je me remets à aimer les Danette), mais j'ai la gueule de Scarlett Johannson. Et je me tape Vermeer, aka Colin Firth, aka doublement Mister Darcy devant l'éternel. Note pour ma prochaine vie : me réincarner en Scarlett Johannson.