Tears from my pillow
Les gens, je me sens toute papillonante de l'intérieur, je pleure de l'eau de rose! Pourquoi? Ben je viens de regarder Orgueil et Préjugés, le film que les sentiments ils sont tellement ouf dedans que les gens ils entendent des pianos et des violons quand ils courent dans la campagne anglaise, par une après-midi pluvieuse d'automne. Un genre de film où tout est en understatement, même le baiser final. Et même que quand Mister Darcy il prend la main d'Elizabeth Bennett pour l'aider à monter dans son carriage, moi j'étais toute retournée (non, je me la pète pas à mettre les citations en anglais, mais le DVD avait même pas de sous-titres français). Quand il l'invite à danser alors qu'au début quand elle lui demande si il danse, il répond "Not if I can help it", j'avais un sourire de 3000 kilomètres. Quand il lui dit (encore une fois sous la pluie battante) qu'il l'aime et qu'elle le rejette, je me suis redressée dans mon lit. Du genre : "MAIS ELLE EST FOOOOOLLE" (je me la suis repassée 2 fois cette scène). Et quand elle le retrouve dans sa maison de Pemberley, je me rongeais les ongles. Alors bon, quand finalement, à l'aube sous la fraîche rosée britannique il la retrouve et la demande une deuxième fois en mariage... ben là, je pleurais. Pffff... Je précise quand même qu'en général, je suis complètement insensible au cinéma. Les films d'horreur me font marrer, les passages poignants me laissent de marbre, mais en conditions adéquates, je peux sombrer...
Les conditions de visionnage sont fondamentales, d'ailleurs. La posture du regardage de comédie romantique n'est pas une posture de cinéphile. Une comédie romantique, ça se regarde pas au cinéma avec un potentiel amoureux. Non, grave erreur. La comédie romantique se regarde chez soi, avec une ou plusieurs copines (ou Yome, si j'ai bien compris...) et une bouteille de vin rouge (genre Clara Sheller l'année dernière avec Nyfah), ou alors tout seul, bien calé dans son lit, avec un paquet de mouchoir à proximité. Mais au cinéma, non, vraiment pas.
Ah oui, est-ce que le film est bien, au fait? Ben concrètement... Bleuarrrfff... C'est sur, les décors sont sympa, les acteurs mimi tout plein, genre Mister Darcy a les yeux bleus et Elizabeth-Keira Knightley a un physique jane-birkinien, ce qui me la rend très sympathique. Ils jouent bien, pas ouf, mais bien. L'histoire est-elle prévisible? Oui, bien sûr! Alors je pourrais dire que quand même, oui, c'est bien, le contenu social, le discours sur la condition féminine, sous-jacent dans toute l'oeuvre de Jane Austen, blablabla... Mais le fait est qu'on s'en fout!!! De toutes façons, C'est quoi l'argument de la fin prévisible? La tragédie antique c'est pareil... on le sait qu'Oedipe va buter son père et se taper sa mère. Et pourtant, quand il croise Laïos, on a envie de gueuler "Non, ne le tue pas!!!", et quand il voit Jocaste, et qu'il se dit "Mmmm, bonnasse la matrone", on a envie de gueuler "Malheureux, c'est ta mèèèèèère!!". Ben là, pareil (sisi, j'assume). Quand Elizabeth est proposed par Mr Collins, on a super peur, parce qu'on se dit que si elle est mariée, elle pourra jamais rencontrer un homme qu'elle aime vraiment -oh mais mon dieu qui cela peut-il bien être??? Et du coup, un soulagement infini quand son papa lui dit que si elle n'épouse pas Mr Collins, sa mère ne voudra plus la voir, mais que si elle l'épouse, c'est lui qui ne voudra plus la voir... Je vous jure qu'il dit ça comme ça (en plus, Donald Sutherland avec un accent british, ça vaut son pesant d'or). Quoi, je raconte tout le film??? Et alors? Je vous jure que les papillons dans le ventre vous les aurez tout pareil en le regardant!!
Pourquoi? Parce que c'est le paradigme de la comédie romantique de finir bien, quand tout se présentait au plus mal. Ceci posé, c'est pas le plus important. Le plus important, c'est de savoir combien de fois elle va pleurer en se disant que sa vie est foutue, à quel moment elle va se dire "I've been such a fool", à quel moment la tension sexuelle (au demeurant fort chaste) va être trop forte pour que les jeunes premiers puissent résister. Et là, arrive le moment qui fait que la comédie romantique, même stéréotypée, peut être à fond réussie. Le moment où en même temps que tu regardes, tu veux pas voir, tu te mets à moitié la main devant les yeux tellement tu te sens de trop, tu veux pas voir ça, parce qu'à la fois, c'est le meilleur moment, mais tu sais qu'après, ce sera plus pareil, le moment sera passé. Un moyen de le prolonger en quelque sorte. Si t'es à fond dedans, la déclaration (oui, c'est le moment de la déclaration en général, du dévoilement), tu peux presque pleurer, et surtout surtout, c'est carrément un essaim de papillons dans ton ventre. Là, c'était Darcy. Dans Bridget Jones, c'est aussi Darcy (d'ailleurs, c'est pas une coïncidence, et Bridge, c'est un peu un personnage de Jane Austen, mais transposé à la fin du XXe siècle). Et histoire de flinguer définitivement mon image, la matrice du genre, c'est dans Autant en Emporte le Vent. Déjà parce que Rhett Butler, c'est un peu la méga classe, et qu'en plus, rhaaaaa j'ai pas de mots!!!
Moi, une gourdasse romantique? Assurément!
Quand je pense que je disais que j'aimais pas la soupe avant...