Gringas de puta madre
Le Péruvien moyen est du genre indien ou métis (mestizo,
hein, comme en Espagnol). Modivi, Nyfah et moi-même sommes du genre pas
indiennes et pas métisses (mestizas, faut accorder). Sigalou est du
genre comme nous. Nous sommes des gringas. Il est un gringo.
Quand
on marche dans la rue, on se sent observés. Par curiosité. Ouh, ils
sont rigolos, les gens, ils sont tout blafards! Tout ça, quoi. L'homme
nous siffle dans la rue, pas mal. Hé oui, trois gringas, ça passe pas
inapperçu.
Avant-hier, nous allâmes au Munich. Prononcez
Miouniche, bande de germanophiles fielleux. L'endroit était fort
moelleux. Un genre de piano bar. Avec un homme à la batterie. Du genre
de batterie qui a dû voir la Guerre de Cent Ans. L'homme est un tout
vieux. Il a un pull motif burlington que Madame a dû lui acheter. Il a
une vieille casquette vissée sur la tête. Il fait de la batterie d'un
air stoïque. Sauf le bref moment où il a levé la tête et souri à
Sigalou et Nyfah. Et il y a un homme au piano. Dont on voit jamais le
visage, il est tout le temps de dos. On voit que la cigarette dépasser.
Et on entend le piano. Désaccordé. Tous les deux jouent des airs éculés
de salsa et des trucs comme ça. Ils ont même fait une reprise de
Satisfaction dans ce style.. Moelleux, j'vous dis. Attachants. Qu'on
applaudit. Et on est partis au milieu d'une chanson. Les gens se sont
mis à applaudir. Sauf que c'est pas les deux accolytes du piano bar
qu'ils applaudissaient, c'était nous! Trois gringas dans ce genre
d'endroit, ça arrive jamais il parait.
Ca y est, on est des staaaaaaars!