Femme des Années 1600
Bordel de merde, rétablissons un peu de glamour ici! Poésie.
J'ai pour sabre une brosse et pour arme un balai
Le sommeil ni aucun repos ne connais...
Il n'est de soin trop grand ni de trop lourde corvée
Pour que tout reluise d'une propreté immaculée
Et je gratte et je lessive, je frotte et j'astique...
Et ne souffre point que mon baquet l'on me pique.
Le poète s'appelle Pieter Van Godewijk, il est néerlandais et a vécu au XVIIe siècle.
Après, il faut connaître le plus grand poète néerlandais de l'époque, Jacob Cats, qui parlait beaucoup des femmes. Pour décrire les méfaits de la luxures et les dangers d'un décolleté plongeant, plutôt que renvoyer aux épines d'une rose, il préféra l'oignon, dont l'épluchage arrache les larmes. Un autre poète, Roemer Visscher, recourt à l'image de la baratte pour rappeler que le labeur est la route du succès : "Point de matière grasse sans agitation" (In de rommelingh is de vet)*
Encore mieux, Cats, de nouveau : la crème, se lon lui, était l'esprit, tands que le petit lait représentait le plaisir charnel. Et de conclure : "L'esprit n'est pas seul ; la chair ne se suffit pas à elle-même." Tous deux se côtoient à l'intérieur de l'âme, comme le petit lait et la crème quand ils sortent du pis des vaches (donc des koeien).
Un autre poète néerlandais du XVIIe siècle, Van Bewervijck, comparait la femme idéale à la ... tortue. Oui, elle représente la tension entre le foyer et le monde par le principe du domicile ambulant.
Résumons : femmes-tortue, miroir de l'âme-lait tiré, décolleté-oignon, ardeur-baratte, idéal féminin-"baquet, balai, grattage, lessivage"...
Comme dit le poète "Ma mie n'effeuillons pas dans le pot-au-feu la marguerite"... Il en a eu de la chance, Brassens, d'être de Sète et pas d'Alkmaar, y a pas à dire...
* ... c'est beau, non?